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 Le langage

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Antoine Jayat

Antoine Jayat


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MessageSujet: Le langage   Le langage EmptySam 5 Jan - 14:16

La fin des vacances approche, alors je bombarde le forum de tout ce que je n'ai pas eu le temps de mettre auparavent, même si ce n'est plus forcément d'actualité, au cas où cela pourrait intéresser quelqu'un.

Voici donc quelques textes de Bergson sur le langage avec une fiche sur L'ordre du discours de Michel Foucault.



BERGSON L’Evolution Créatrice pp.58-162

Langage et Intelligence

Nous avons énuméré quelques‑uns des traits essentiels de l'intelligence humaine. Mais nous avons pris l'individu à l'état isolé, sans tenir compte de la vie sociale. En réalité, l'homme est un être qui vit en société. S'il est vrai que l'intelligence humaine vise à fabriquer, il faut ajouter qu'elle s'associe, pour cela et pour le reste, à d'autres intel­ligences. Or, il est difficile d'imaginer une société dont les membres ne communiquent pas entre eux par des signes. Les sociétés d'Insectes ont sans doute un langage, et ce langage doit être adapté, comme celui de l'homme, aux nécessités de la vie en commun. Il fait qu'une action commune devient possible. Mais ces nécessités de l'action commune ne sont pas du tout les mêmes pour une fourmilière et pour une société humaine. Dans les sociétés d'insectes, il y a généralement polymorphisme, la division du travail est naturelle, et chaque individu est rivé par sa structure à la fonction qu'il accomplit. En tout cas, ces sociétés reposent sur l'instinct, et par conséquent sur certaines actions ou fabrications qui sont plus ou moins liées à la forme des organes. Si donc les fourmis, par exemple, ont un langage, les signes qui composent ce langage doivent être en nombre bien déterminé, et chacun d'eux rester invariablement attaché, une fois l'espèce constituée, à un certain objet ou à une certaine opération. Le signe est adhé­rent à la chose signifiée. Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus, chaque individu doit apprendre son rôle, n’y étant pas prédestiné par sa structure. Il faut donc un langage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore. Il faut un langage dont les signes ‑ qui ne peuvent pas être en nombre infini – soient extensibles à une infinité de choses. Cette tendance du signe à se transporter d’un objet à un autre est caractéristique du langage humain. On l’observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler. Tout de suite, et naturellement, il étend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la plus lointaine analogie pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet. « N'im­porte quoi peut désigner n'importe quoi », tel est le principe latent du langage enfantin. On a eu tort de confondre cette tendance avec la faculté de généraliser. Les ani­maux eux‑mêmes généralisent, et d'ailleurs un signe, fût‑il instinctif, représente toujours, plus ou moins, un genre. Ce qui caractérise les signes du langage humain, ce n'est pas tant leur généralité que leur mobilité Le signe ins­tinctif est un signe adhérent, le signe intelligent est un signe mobile.
[…]
Il est présumable que, sans le lan­gage, l'intelligence aurait été rivée aux objets matériels qu'elle avait intérêt à considérer. Elle eût vécu dans un état de somnambulisme, extérieurement à elle‑même, hyp­notisée sur son travail. Le langage a beaucoup contribué à la libérer. Le mot, fait pour aller d'une chose à une autre, est, en effet. essentiellement, déplaçable et libre. Il pourra donc s'étendre, non seulement d'une chose perçue à une autre chose perçue, mais encore de la chose perçue au souvenir de cette chose, du souvenir précis à une image plus fuyante, d'une image fuyante, mais pourtant représen­tée encore, à la représentation de l'acte par lequel on se la représente, c'est‑à‑dire à l'idée. Ainsi va s'ouvrir aux yeux de l'intelligence, qui regardait dehors, tout un monde intérieur, le spectacle de ses propres opérations. Elle n'at. tendait d'ailleurs que cette occasion. Elle profite de ce que le mot est lui‑même une chose pour pénétrer, portée par lui, à l'intérieur de son propre travail. Son premier métier avait beau être de fabriquer des instruments ; cette fabrication n'est possible que par l'emploi de certains moyens qui ne sont pas taillés à la mesure exacte de leur objet, qui le dépassent, et qui permettent ainsi à l'intelligence un tra­vail supplémentaire, c'est‑à‑dire désintéressé. Du jour où l'intelligence, réfléchissant sur ses démarches, s'aperçoit elle‑même comme créatrice d'idées, comme faculté de repré­sentation en général, il n'y a pas d'objet dont elle ne veuille avoir l'idée, fût‑il sans rapport direct avec l'action pra­tique. Voilà pourquoi nous disions quil y a des choses que l'intelligence seule peut chercher. Seule en effet, elle s'in­quiète de théorie. Et sa théorie voudrait tout embrasser, non seulement la matière brute, sur laquelle elle a natu­rellement prise, mais encore la vie et la pensée.
[…]
L’intelligence, même quand elle n'opère plus sur la matière brute, suit les habitudes qu'elle a contrac­tées dans cette opération : elle applique des formes qui sont celles mêmes de la matière inorganisée. Elle est faite pour ce genre de travail. Seul, ce genre de travail la satis­fait pleinement. Et c'est ce qu'elle exprime en disant qu'ainsi seulement elle arrive à la distinction et à la clarté.
Elle devra donc, pour se penser clairement et distinc­tement elle‑même, s'apercevoir sous forme de discontinuité. Les concepts sont en effet extérieurs les uns aux autres, ainsi que des objets dans l'espace. Et ils ont la même sta­bilité que les objets, sur le modèle desquels ils ont été créés. Ils constituent, réunis, un « monde intelligible » qui ressemble par ses caractères essentiels au monde des solides, mais dont les éléments sont plus légers, plus dia­phanes, plus faciles à manier pour l'intelligence que l'image pure et simple des choses concrètes ; ils ne sont plus, en effet, la perception même des choses, mais la représentation de l’ acte par lequel l'intelligence se fixe sur elles. Ce ne sont plus des images mais des symboles. Notre logique est l'ensemble des règles qu'il faut suivre dans la manipulation des symboles. Comme ces symboles dérivent de la considération des solides, comme les règles de la composition de ces symboles entre eux ne font guère que traduire les rapports les plus généraux entre solides, notre logique triomphe dans la science qui prend la solidité des corps pour objet, c'est‑à‑dire dans la géométrie. Logique et géométrie s'engendrent réciproquement l'une l'autre, comme nous le verrons un peu plus loin. C'est de l'exten­sion d'une certaine géométrie naturelle, suggérée par les propriétés générales et immédiatement aperçues des solides, que la logique naturelle est sortie. C'est de cette logique naturelle, à son tour, qu'est sortie la géométrie scienti­fique, qui étend indéfiniment la connaissance des propriétés extérieures des solides. Géométrie et logique sont rigou- reusement applicables à la matière. Elles sont là chez elles, elles peuvent marcher là toutes seules. Mais, en dehors de ce domaine, le raisonnement pur a besoin d'être surveillé par le bon sens, qui est tout autre chose.


Dernière édition par le Sam 5 Jan - 14:24, édité 1 fois
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Antoine Jayat

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MessageSujet: Re: Le langage   Le langage EmptySam 5 Jan - 14:17

Autre texte, dont je n'ai pas retrouvé malheureusement les références :


Langage et sentiment

« Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l'exception des noms propres) désignent des genres... Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu. Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est‑ce bien notre sentiment lui‑même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'abso­lument nôtre? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais le plus souvent, nous n’apercevons de notre état d'âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu’il est à peu près le même, dans les mêmes condi­tions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles.»
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Antoine Jayat

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MessageSujet: Re: Le langage   Le langage EmptySam 5 Jan - 14:18

MICHEL FOUCAULT

L'ORDRE DU DISCOURS


Introduction (p7 à p10)


Thèse : Dans toute société la production du discours est contrôlée par diverses procédures qui en empêche les pouvoirs et les dangers.

Cela est permis par trois procédures d'exclusions :

A) L'interdit : il y en a trois types :
1- « tabou de l'objet » (ne pas avoir le droit de tout dire) ;
2- « rituel de la circonstance » (ne pas pouvoir parler de tout dans n'importe quelles circonstances) ;
3- « droit privilégié ou exclusif du sujet qui parle » (n'importe qui ne peut pas dire n'importe quoi).
L'interdit vise deux thèmes principaux : la sexualité et la politique ; c'est parce que c'est dans le langage qu'ils exercent le mieux leur puissance. Le discours peut être l'objet du désir, le but et le moyen de nos lute, le pouvoir convoité.

B) L'opposition raison et folie :
1- Au Moyen-Âge : le fou est celui qui n'a pas le même discours que les autres ; soit on le considère comme nul, soit on lui prête des pouvoirs étranges, comme si le fou était soit non raisonnable, soit plus raisonnable que les gens raisonnables.
2- Aujourd'hui : le partage est toujours valable mais sous des lignes différentes ; les institutions (psychiatres, psychanalystes...) écoutent le discours du fou, discours « qui se croit chargé de terribles pouvoirs. »

C) L'opposition du vrai et du faux : La volonté de vérité a traversé les siècles, ainsi que les types de partage qui ont donné leur forme générale à notre volonté de savoir.
1- Le discours des grecs du VI° : la véracité du discours était attribuée aux rites qui l'entouraient. Sont visés ici les sophistes, et le pouvoir du langage
2- Un siècle plus tard : la véracité s'est déplacée des rites à l'énoncé qui le constitue, du pouvoir du discours au sens.
Les mutations scientifiques peuvent dès lors mettre en relief de nouvelles formes dans la volonté de vérité. Par exemple au fin XVI° début XVII° : le rationalisme métaphysico-scientifique impose une position, un regard, une fonction, un niveau technique spécifique. On pourrait suivre l'histoire de cette volonté de vérité, qui s'appuie, comme tout système d'exclusion, sur des institutions : non pas tant des pratiques (pédagogie, livres, édition, bibliothèques...) que des manières dont sont mis en oeuvre ce savoir (valorisation, distribution, répartition, attribution) ; exemple de l'enseignement de l'arithmétique dans les démocraties et de a géométrie dans les oligarchies.
Cette volonté de vérité fait pression sur les autres discours comme par « un pouvoir de contrainte. » Exemple de la Littérature : elle a cherché pendant des siècles au discours vrai (volonté de vraisemblance, de naturel...) ; Exemple des pratiques économiques : elles se rationalisent par des codifications, théories ; Exemple du système pénal : cherche à se justifier par une théorie du droit, par un savoir sociologique, médical.
C'est le 3° qui influence les deux premiers.


*

Toutes ces procédures d'exclusions s'exercent de l'extérieur. Mais il y a des procédures internes d'exclusions qui sont autant de principes de classification, d'ordonnancement, de distribution pour en maîtriser l'événement et le hasard dans le discours.

A) Le commentaire : Il y a deux types de discours, qui cependant ne sont pas forcément si distinctement séparés en réalité :
1- Les discours qui « se disent » au fil du temps et des échanges.
2- Les discours « sont dits, restent dits, et sont encore à dire. » Ils sont à l'origine de nombreuses paroles qui les reprennent (les textes religieux, juridiques, littéraires, scientifiques).
Ce principe est sans cesse remis en jeu. Il ne peut être que jeu (commentaire mot à mot, critique d'un texte imaginaire), rêve lyrique (discours qui renaît nouveau et innocent) ou angoisse (un commentaire interminable). Quoi qu'il en soit, il s'agit de supprimer un des termes de la relation. Le rapport ne cesse de se modifier et donne lieu à de diverses formes : Exemple de l'Odyssée : traductions et intertextualités très nombreuses. Ce décalage a deux rôles :
1- Construire des textes nouveaux et donner des possibilité ouvertes de parler.
2- « Dire enfin ce qui était articulé là-bas. » Il répète des choses qui cependant n'avaient pas été dites.
Le commentaire permet de conjurer la part de hasard du discours : il dit autre chose que le texte d'origine, mais en l'accomplissant. « le nouveau n'est pas dans ce qui est dit, mais dans l'événement de sont retour.

B) L'auteur : comme principe de groupement du discours, origine de leurs significations, foyer de leur cohérence. Ce principe n'agit ni tout le temps ni partout : beaucoup de discours ne sont pas d'un auteur précis.
1- En Science : l'attribution à un auteur était systématique au Moyen Age car c'était de l'auteur que dépendait la véracité du discours. Maintenant, cette attribution n'apporte qu'un nom à un théorème, sans en constituer la vérité.
2- En Littérature : au MA, pas d'attribution d'un texte littéraire à un auteur. Maintenant, si, et on exige de lui d'en révéler le sens.
Objection : cet auteur est celui que la critique réinvente après coup.
Réfutation : ce concept ne nie pas l'individu ; il présente une fonction conceptuelle d'auteur, que peuvent reprendre d'autres personnes ou être modifiée. En bouleversant sa propre image traditionnelle, l'auteur redéfinira cette image pour découper un profil de son oeuvre.

C) La discipline : principe relatif et mobile qui construit selon des règles précises.
La discipline est distincte de l'auteur en ceci qu'elle échafaude dans un domaine défini d'objet des méthodes, un corpus de définitions, de technique et d'instruments : en ceci elle crée un système anonyme qui peut servir à n'importe qui.
La discipline est distincte du commentaire en ceci que ce qui est supposé au départ produit de nouveaux énoncés par d'indéfinies possibilités de formulation.
La discipline n'est pas un somme exhaustive de savoir pour un domaine donnée. Exemple de la médecine et de la botanique : elles sont constituées d'erreurs comme de vérités, et les erreurs sont efficaces et indissociables des vérités ; elles doivent répondre à des conditions (Exemple de la botanique au XVII° : toute proposition n'est pas botanique, puis de la médicine au XIX, idem).
Propriété d'une proposition : elle utilise des instruments conceptuels ou techniques d'un type bien défini. Pour appartenir à une discipline, la proposition doit pouvoir faire partie d'un certain horizon théorique. Dans ses limites, certains propositions sont reconnues vraies ou fausses ; à l'extérieur, il y a l'expérience immédiate et les thèmes imaginaires. Exemple de Mendel, qui avait raison mais dont les propositions ne rentraient pas dans le moules des exigences botanistes ; et de Shleiden, qui avait tort mais dont les propositions entraient dans le discours biologique.

BILAN : ces trois procédures extérieures limitent le hasard du discours
1- Le commentaire : par le jeu d'une identité manifesté par une répétition.
2- L'auteur : par le jeu d'une identité manifesté par une individualité.
3- La discipline : par le jeu d'une identité manifestée par une réactualisation permanente des règles.


*

Il existe un troisième groupe de procédures d'exclusion : certaines régions du discours ne sont inaccessibles pour certains sujets parlants.
Rappel d'une anecdote : celle du shogûn, ignorant en Mathématiques, qui veut développer cette science pour avoir un pouvoir plus puissant et un Empire plus fort. Ce serait un marin anglais autodidacte qui le les lui aurait appris, comme s'il y avait un échange universelle et libre du discours. On peut réfuter ce thème par un examen des système de restriction intersubjectif.

A) Le rituel : il définit plusieurs points :
1- La qualification du sujet qui parle
2- Les gestes, circonstances, comportements, et l'ensemble des signes accompagnant le distours.
3- Il délimite les effets du discours et ses effets contraignant.
4- Exemples : discours religieux, judiciaire, thérapeutiques, politique.

B) Les « sociétés de discours. » Elles conservent et produisent des discours pour les faire circuler dans un espace restreint et selon des règles strictes. Exemples :
1- Groupes de rhapsodes : transmission d'un discours oral au sein d'unecertaine communauté de récitants ; ce qui sépare en rôle interchangeable ceux qui écoutent et ceux qui récitent, en donnant à ces derniers la domination sur le discours.
2- L'acte d'écrire : dans sa formulation, se manifeste la singularité que l'écrivain prête à l'écriture et la dissymétrie entre entre création et système linguistique.

C) Les doctrines : C'est l'inverse ; il s'agit d'un discours qui tend à se diffuser. Mais c'est à travers lui que se définit une communauté qui doit l'accepter en tout points ; de la même façon que la discipline. Mais elle diffère dans sa réciprocité : l'appartenance doctrinal apparaît dans l'énoncé et le sujets parlant et l'un à travers l'autre. La doctrine peut être appartenance préalable d'une communauté. Elle soumets donc les discours aux sujets et les sujets au discours.

D) L'appropriation sociale du discours : l'Education modifie l'appropriation du discours et donc les savoirs les pouvoirs qui vont avec.

Ces quatre groupes en réalité s'entremêlent et sont tous des moyens d'assujettissement du discours.


*

Question : La philosophie n'a-t-elle pas répondu à ces limitations et exclusions du langage ?
Thèse : la pensée occidentale a fait en sorte de restreindre la place du discours entre pensée et parole, de faire que le discours soit seulement un certain type de d'apport entre penser et parler.
1- Soit le discours est une pensée revêtue et rendue visible par les mots
2- Soit les structures de la langues produisent un effet de sens.
La Philosophie a élidé la réalité dans le discours par trois thèmes :

A) Le sujet fondateur : celui qui ressaisit le sens qui se trouve dans les choses, qui anime la langue, qui fonde des « horizons de significations. » par des outils : les signes, les marques, les traces, les lettres, sans devoir passer par les instances du discours. [=> Le « législateur » du Cratyle ?]

B) L'expérience originaire : il y aurait des significations préalables que nous reconnaîtrions. « les choses murmurent déjà un sens que notre langage n'a plus qu'à faire lever. » [=>Le langage serait donc la nervure de cette « reminiscence » platonicienne ?]

C) L'universelle médiation :
1- A première vue : mouvement du logos qui élève les singularités jusqu'au concept et permet à la conscience immédiate de déployer toute la rationalité du monde : le distours semble mis au centre de la « spéculation. »
2- En réalité : lorsque tout peut entrer dans le discours et que le discours peut parler de tout, c'est parce que tout a déjà manifesté et échangé son sens ; cela peut alors entrer dans la conscience de soi.

BILAN : dans ces trois thèmes, le discours n'est qu'un jeu :
1)d'écriture
2)de lecture
3)d'échange
Cela concerne les signes uniquement, et relègue le discours à l'ordre de signifiant.
Paradoxe : notre civilisation semble raffoler de discours (logophilie), mais elle place en lui une crainte (logophobie). Interdits, barrages, seuils, sont autant de manières de le maîtriser, de le limiter, comme pour en enlever sa part de dangers et d'imprévisibilité jusqu'aux marques de son irruption dans la langue.

Problématique : Pour analyser cette crainte, il faut se résoudre à trois décisions :
1)Remettre en question notre volonté de vérité,
2)Restituer au discours son caractère d'événement,
3)Lever la souveraineté du signifiant.


*

Pour ce faire, il faut exiger quatre principes méthodologiques :
A) Principe de renversement : reconnaître le jeu négatif d'une découpe et d'une raréfaction du discours.
B) Principe de discontinuité : discours doivent être traités comme des pratiques discontinus, qui se croisent, se jouxtent ; s'ignorent ou s'excluent.
C) Principe de spécificité : concevoir le discours comme une violence/pratique faite aux choses, et voir que c'est dans cette pratique que les événements du discours trouvent leur principe de régularité.
C) Principe d'extériorité : aller du discours vers ses « conditions externes de possibilités, » vers la « série aléatoire de ces événements et qui en fixe les bornes. »
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