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: ce texte est déjà assez compliqué comme ça donc lisez l'autre partie avant de vous attaquer à celle là, sinon il vous manquera quelque notions comme la pré-historicité
Les deux essais fichés, constituent les numéros II et III du livre et Patocka annonce explicitement à la fin de celui ci que ce qu'il vien de trouver, à savoir le sens comme résidant dans la quête (vous comprendre en lisant... ou pas
) est une problématique plus qu'une véritable réponse. (enfin je crois
)
A priori il développe donc plus dans les essais suivants, que je n'ai pas le temps de lire. Mais ces deux textes restent très éclairant pour trouver de nouveaux angles d'approche, mais prudence si vous comptez l'utiliser ^^
L'auteur des présentes fiches ne pourra être tenu respnsable en cas de faux sens amenant une sale note
Pour répondre la question « l’histoire a-t-elle un sens », Patocka commence tout d’abord par une définition du terme sens. Comme point de départ, il s’appuie sur le travail du logicien Frege qui oppose « la signification comme référence objective et le sens comme conception de l’objet ». Ainsi peut on dire que « une figure quadrilatère et une figure quadrangulaire […] seraient ainsi les deux sens d’un même signification ».
D’un autre côté il semble que le sens se détache du logos pour avoir une signification plus réelle ; ainsi on peut s’interroger sur le sens de la souffrance. Ici, la définition heideggérienne semble être la bonne : « le sens est ce sur le fondement de quoi la chose devient compréhensible ». Il ne saute cependant pas aux yeux, on ne peut l’obtenir qu’après explication ou compréhension.
Si l’on s’intéresse à la motivation d’un acte, cela pose alors la question du rapport ente sens et finalité. « S’il y a dans toute action finalisée une teneur de sens, en revanche tout sens ne sert pas à une fin ». La conduite des névrotiques a un sens, lorsque l’on examine leur problèmes psychiques, mais ne vise pas de fin. De plus une action peut perdre son sens en réalisant une fin donné ; ainsi la science moderne a perdu son sens interne car n’étant plus motivée que par un but extrinsèque de possibilités d’application.
On en arrive alors au rapport entre sens et valeur. Le bien, le beau, le vrai ne sont pas en eux même des buts et des fins, leur réalisation peut en être un. Ces valeurs, comme toutes les autres, sont là pour désigner ce qui donne son sens à l’étant. Elles se présente comme quelque chose d’autonome, une Idée éternelle, au sens platonicien donc, « la source objective de la teneur de sens ». Mais en fait cette éternité disparaît lorsque l’existence de telles valeurs devient problématique.
En effet, il existe l’expérience de la perte de sens qui fait apparaître la possibilité que « tout sens se perde ». « Les choses ne sont pas dotées de sens pour elles-mêmes ; les choses n’ont un sens que si quelqu’un a le sens des choses ». Le sens des choses réside donc dans la compréhension, dans l’ouverture que l’on a au monde, il n’est pas initialement dans l’étant.
Cette conclusion amène donc la question suivante : « n’est-ce pas nous qui donnons un sens aux choses » ? Mais cette position est contraire à « l’idée phénoménalement fondée de l’ouverture à l’étant et à son sens ». « La donation de sens surtout n’est pas l’affaire de notre volonté ». En effet nous ne choisissons pas quand le même étant se présente tantôt plein ou tantôt vide.
Il faut alors parler du rapport entre le sens et l’être à la fois proche et très différents. En effet, les deux concepts appartiennent à des étants qui soit ne sont possible que par leur rapport à eux, soit qui sont dépourvus d’un tel rapport (le temps et son caractère non ontologique par exemple). Cependant on acquiert un rapport à l’être des choses uniquement si celles-ci perdent leur significativité. « L’être se ferait jour là où le sens prend fin ».
Le sens ne se pense pas singulièrement, contrairement à l’être unique. « Tout sens singulier renvoie à un sens total, tout sens relatif à un sens absolu ». La vie humaine est donc impossible sans une conscience, naïve ou critique, en un « sent total de l’univers de l’étant, de la vie et du devenir » qui apparaît parfois comme illusoire, rendant ainsi la vérité hostile à la vie.
On retrouve cette problématique chez Nietzsche où la vérité en tant que sens absolu est en contradiction avec la nature de l’étant et sa volonté de puissance. Cependant Nietzsche y voyant ici un signal du nihilisme, en ce qu’il faut « déclarer le monde dépourvu de sens au nom de la vie qui est créatrice », il est critiqué par Patocka. Pour lui une vie dans le nihilisme est ou impossible ou illusoire.
Il faut alors interroger le phénomène de la perte de sens, sa signification. L’angoisse par exemple, dans une perspective heideggérienne, offre la possibilité d’apercevoir le rien, étant l’état de crise dan lequel il faut choisir un retour au sens ou bien l’enfoncement dans l’immobilité de « l’ennui profond ». Mais ce retour n’est pas le retour aux choses telles qu’elles étaient car elles ne seront plus jamais non problématiques. C’est le retour à la vie même après « la découverte de l’être de l’étant par delà tout étant et sa significativité ». Le sens auquel on revient est alors un sens véritablement réfléchi.
On a alors une nouvelle relation de se rapporter au sensé : le sens ne se révèle que dans la quête qui découle de son absence. A y regarder de plus près, ce modèle est le sens de la vie de Socrate en ce qu’il « ébranle la conscience naïve qui se croit en possession du sens » (cf. Protagoras et la vertu, entre autres). On trouve alors un nouveau mode de sens, «dont on découvre la connexion avec le mystère de l’être et de l’étant en totalité ». Il se peut alors que la fameuse césure qui sépare l’humanité pré-historique de l’humanité historique « réside dans l’ébranlement de la certitude naïve du sens qui régit la vie de l’humanité », amenant alors la politique et la philosophie, et soit donc de cette nature.
La société pré-historique en effet « n’est guère exigeante dans sa détermination du sensé ». La vie humaine a beau n’avoir que peu de valeur, il n’empêche que l’ordre du monde apparaît comme justifié du fait que les dieux l’ont créé ainsi et qu’ils ont réservé aux humains l’immortalité. Mais l’affaire de l’homme est avant tout celle de « pourvoir aux besoins de la vie », laissant la quête de l’immortalité et de son sens aux demi-dieux des mythes.
« L’histoire se distingue de l’humanité pré-historique par l’ébranlement de ce sens accepté » mais chercher la cause de cet ébranlement est une fausse question. L’homme pré-historique rejette la possibilité d’un ébranlement, de même qu’un adolescent se replie dans l’infantilisme, « il préfère l’intégration modeste dans l’univers que reflète aussi son existence sociale ».
Lorsque que l’homme n’assume plus la modestie du sens de sa vie et ne se contente plus de « l’enchaînement de la vie à elle-même, il y a donc ébranlement. Cette remise en question du sens n’est pas une chute dans le non-sens mais bien au contraire « la découverte de la possibilité d’atteindre une teneur de sens plus libre, plus ambitieuse ». La philosophie exprime alors cette possibilité de voir le rapport à l’être et au sens non pas comme une détermination mais comme un questionnement. Ce questionnement était impossible à l’époque pré-historique, puisqu’elle se dérobait au mystère, au problème dans le mythe.
L’époque historique est donc elle dans laquelle l’humain prend la problématicité à bras le corps, ce qui est bien plus risqué que la « modération végétative » des hommes pré-historiques. L’histoire n’est donc rien d’autre que « [l’entraînement de] toute la vie individuelle et collective dans le domaine d’une transformation du sens, dans un domaine où la vie se voit obligée de changer totalement de structure en changeant de sens ».